Avis aux skieurs en mal de sensations fortes ; CMH, pionnier de l’héliski au Canada, lance un programme exclusif dans le monde, le Steep camp. Ni une, ni deux, me voilà aux Cariboos en Colombie-Britannique pour inaugurer cette nouvelle formule spéciale pente raide. Hélico, poudreuse, grands espaces, couloirs vertigineux, tous les ingrédients étaient réunis pour du grand ski ! Retour sur un succès annoncé et sur ma folle semaine de ski extrême…
Un guide visionnaire
Le Steep Camp ? L’idée vient d’une légende de CMH, le guide Dave Gauley. Avant de guider, cet adepte de ski extrême a taquiné les pentes verticales d’Alaska. Celui qui compte quelques premières à son actif préfère les grandes courbes plutôt que la godille. Les couloirs, c’est son truc. Or les couloirs ne manquent pas aux Cariboos, le plus grand domaine skiable de CMH avec un territoire vierge de 1 600 km². Steve ne pouvait donc pas ne pas les ouvrir, puis en faire profiter ses clients !
PETITS GROUPES POUR GRANDES PENTES
Qui dit pentes raides et couloirs, dit encadrement spécifique. Les groupes sont restreints avec quatre personnes pour deux guides pour le groupe qui ouvre les faces et quatre personnes pour un guide pour le groupe suiveur. Pour couronner le tout, nous volons avec un hélicoptère particulier, le Bel 407 et ses 675 chevaux, une machine phénoménale pilotée par un as, Todd qui nous propulse en moins de deux sur les crêtes à 3000m d’altitude. En somme, cette prestation ressemble à celle d’un groupe privé, la pente en plus.
Ça attaque fort avec 10 rotations et 7 740 mètres de dénivelés
Après la séance de stretching et un brief sécurité, nous embarquons à 9h00 munis d’une radio, d’un arva, d’une pelle et d’une sonde. Il y a Gordon, l’Écossais de 52 ans, un habitué, Brian, californien de 42 ans dont c’est le baptême, mon collègue Jef le photographe et Tom, guide en second. Dave prend place à côté du pilote pour choisir les lignes que nous allons skier. Direction le Sud du Lodge pour rider des faces Nord. La première dépose se fait à Eagle Ridge sur une pente à 30° pour un dénivelé de 850 mètres histoire de nous tester. C’est gavé de poudreuse. « Incroyable, je ne peux pas imaginer que nous allons faire ça toute la journée » lance Brian qui gardera la banane tout au long du séjour. L’hélico nous attend déjà en bas de la pente. Le deuxième run, Swiss Movement, se termine dans la forêt escarpée, tout comme Cruncher, le troisième. Les runs s’enchaînent ainsi jusqu’au lunch au milieu d’une clairière dans un cadre idyllique. C’est qu’il faut tenir la cadence car on ne s’arrête quasiment pas dans la descente. Non seulement les guides ne nous imposent pas de coller leurs traces, mais ils peuvent parfois nous offrir la primeur d’une ligne !
Premier couloir, on se lâche !
Les batteries rechargées, nous nous attaquons à nos premiers couloirs ; d’abord le couloir Y sur le Monchu, une face ouest de 35° que tout le monde négocie parfaitement. Il est assez large et tout poudre, nous ne prenons pas de risques. Puis vient le Eagle Couloir à 2330 mètres d’altitude avec 680 mètres de dénivelé. Dave prend soin de le purger avant que nous nous élancions un par un. Un léger sluff nous accompagne, bienvenue au steep camp ! À l’issue de cette première journée, nous avons ridé à peine 3% du territoire sans jamais recroiser nos traces, c’est vraiment immense ici et comme le note Brian « je viens de faire une saison entière de ski en une journée ! ».
Face à face : le couloir Full Tilt
Les journées s’enchaînent, le plaisir va crescendo, l’adrénaline aussi. Extremious, Pyramid, Marble Balls, Xanadu,Val Halla… les couloirs que nous ridons sont de plus en plus étroits, raides et longs. Bien chargés en neige, les plus lourds d’entre nous peuvent se faire déséquilibrer par leur sluff, il faut rester léger sur ses skis ou sur sa board !
Les guides veillent, ils nouent une relation privilégiée avec nous et nous préparent une belle surprise nommée Full Tilt, l’apothéose du séjour.
Un couloir de 45 à 50° sur 1500 mètres de long que nous observons d’abord depuis le sommet d’en face. Ils ne nous incitent pas à y aller, notre décision nous appartient. Daniel-Adrien son frère Guillaume ainsi que Brian se décident en premier. J’irais moi aussi rider cette face.
Une piqûre d’adrénaline
Dans l’hélico qui nous drope à 3000 mètres d’altitude un patin dans le vide,nous n’en menons pas large ! Dave qui teste la neige est très concentré, c’est la première fois qu’il emmène des clients dans ce couloir qu’il a ouvert l’année dernière. Honneur aux filles, je m’élance après Dave aspirée par la pente. La poudreuse vole et m’aveugle, il faut tenir sur les 1500 mètres de dénivelés. Mais au bout du run, c’est l’explosion de joie, jamais je n’ai ridé une telle face ! Restés de l’autre côté, Gordon, Ian, Daniel et Jules, nous regardent négocier cette pente et décident de s’y attaquer à leur tour. À 15h00, tout le monde est en bas sain et sauf et heureux. « J’ai fait le couloir de la vidéo myspace ! » s’exclame Ian, 63 ans ! Quant à Gordon, ravi de sa performance, il paiera le champagne à tout le monde. Car c’est ça aussi le programme steep camp, une ambiance « friendly » !
Sandra Stavo Debeauge
Photos : Jean-François Vibert